COVID-19
Oui, c’est grave
Ne paniquez pas, mais n’ignorez pas les avertissements des autorités de la santé publique concernant le Coronavirus. Un consensus se dégage sur le fait que l’endiguement aurait pu être possible il y a quelques semaines, mais que ce n’est plus réaliste. Bien que la Chine nous a fait gagner du temps, nous n’en avons pas profité. Nous entrons dans une phase pandémique qui sera suivie d’une récurrence saisonnière de la maladie à moins d’avoir un vaccin et jusqu’à ce que nous en ayons un (ce qui pourrait bien être le cas d’ici 18-24 mois, si nous avons de la chance).
Ce n’est pas une simple grippe
Même pas dans le meilleur des scénarios
L’Organisation mondiale de la santé estime que le taux de mortalité de 3,5 % est une moyenne pour tous les groupes d’âge, et a fourni de nombreuses données de veille comme preuve contre l’hypothèse d’un nombre élevé de cas asymptomatiques. Il existe un consensus très fort sur le fait que les personnes âgées de plus de 60 ans et celles souffrant de maladies préexistantes sont les plus touchées.
Au début de l’épidémie, on espérait que le taux de 3,5 % était largement surestimé, mais au fur et à mesure que les données s’accumulent, cet espoir est de moins en moins fondé. Les chiffres de la Corée du Sud sont jusqu’à présent les plus optimistes au monde (0,7 % de cas mortels) ; cependant, a) la population sud-coréenne est en moyenne plus jeune et b) la Corée du Sud (contrairement aux États-Unis et certains autres pays) a fait tout le nécessaire dès les premiers stades de l’épidémie : elle a procédé à un déploiement d’un dispositif de dépistage massif, associé à une transparence radicale, au soutien du public et à un brillant système de prélevement pour dépistage sans sortir de la voiture ! Si cette souche de coronavirus est comme d’autres virus, des mesures agressives qui réduisent la transmission peuvent également réduire la “dose” moyenne de particules virales qui causent un cas donné ; cela pourrait réduire la gravité moyenne de la maladie et diminuer le taux de mortalité global. Nous le saurons avec le temps.
De plus, même si le taux de mortalité réel de Covid-19 est aussi bas que 1 % (comme c’est le cas jusqu’à présent avec les passagers du Diamond Princess), il serait déjà dix fois supérieur à celui d’une grippe saisonnière classique.
Les 61 099 décès liés à la grippe aux États-Unis au cours de la saison grippale grave de 2017-2018 représentent 0,14 % des 44,8 millions de cas estimés de maladies de type grippal. On estime également à 808 129 le nombre d’hospitalisations liées à la grippe, soit un taux de 1,8 %. Pour imaginer une épidémie de Covid-19 de taille similaire aux États-Unis, multipliez les estimations de décès et d’hospitalisation par cinq ou dix, et vous obtenez des chiffres vraiment effrayants : 300 000 à 600 000 décès, et 4 millions à 8 millions d’hospitalisations dans un pays qui compte 924 107 lits d’hôpitaux dotés de personnel [pour toutes les maladies confondues].](images/mortality-rate.svg)
Pour la plupart des gens, l’infection se traduit par une maladie bénigne mais toujours transmissible ; c’est ainsi qu’elle se propage. Ceux qui contractent une forme grave souffrent très durement. Le taux de mortalité ne donne pas un tableau complet : L’Italie rapporte que 10 % des cas nécessitent non seulement une hospitalisation mais aussi des soins intensifs - et les patients ont besoin de ces soins sur une période de 3-6 semaines. Cette situation est intenable.
Concentrez-vous sur la chose la plus importante
Beaucoup d’encre a coulé pour produire des spéculations sur le taux “réel” de cette pandémie. Cependant, nous ne sommes que dans la phase initiale de la pandémie et il faudra peut-être attendre des années pour en déterminer précisément les taux. MAIS nous savons déjà que le taux de mortalité se situe quelque part **entre 0,5 et 4 %. Cette fouchette est déjà largement suffisante pour justifier des actions de prévention décisives, immédiates et à grande échelle **. Avant tout, la chose la plus importante à faire est d’aplatir la courbe de l’épidémie afin que nos systèmes de santé puissent faire face à la maladie et que les chercheurs aient le temps de travailler sur les vaccins et les traitements.
La maladie est déjà là
Partez du principe, que le virus est déjà présent dans votre ville / village / bureau / église / etc. Il est presque certainement déjà “là” et n’a tout simplement pas encore été détecté en raison de la pénurie de kits de dépistage. Et même s’il y en avait, aux USA par exemple, il y a 6 États qui n’ont aucun laboratoire équipé pour faire les analyses nécessaires . Selon les estimations de l’Italie, au début de l’épidémie, le nombre d’infections réelles était quatre fois supérieur au nombre de cas qu’il était possible de confirmer à ce moment. Une transmission invisible entre voisins et proches avait lieu à Seattle pendant des semaines avant qu’elle été ne soit détectée. Seattle et Stanford font un travail remarquable pour rattraper la situation avec leurs propres kits de dépistage ; environ 5-7% des tests à Seattle sont positifs et n’importe qui peut faire le dépistage, sur ordonnance d’un médecin.
Non-content d’un manque de dépistages effectué en raison de problèmes avec les kits fournis par le CDC, le Centre d’Etude de la Grippe de Seattle a commencé à utiliser un test de sa propre conception pour rechercher la présence de virus provoquant le Covid-19 chez les personnes ayant été testées négatives pour la grippe. Ce travail, légal car il s’agissait d’un travail de recherche, a permis de decouvrir des cas de contamination comme chez des lycéens à Snohomish.
(Dans l’intérêt de la santé publique, l’Université de Washington publie ces résultats). Jusqu’à présent, seules l’UW et Stanford ont poursuivi leurs travaux sur la fabrication de leurs propres kits de dépistage (pas ceux fournis par les autorités sanitaures) ; ces deux institutions ont exigé parmi les premières de remplacer les cours en présentiel par des solutions d’enseignement à distance. C’est une décision qui parle d’elle-même. D’autres universités devraient suivre prochainement. Cela dit, les professeurs ont besoin d’équipements et d’assistance nécessaires pour effectuer cette transition.
Les établissements qui ont des ressources limitées (sans ordinateurs portables ni internet) auront le plus de mal à effectuer ce changement. Il faudrait donc commencer par les universités (et les disciplines) pour lesquelles ce changement n’est pas d’une si grande difficulté. Il n’y a pas de règle unique, mais il est important d’agir vite. Professeurs, n’attendez pas que l’administration de votre université prenne une décision pour tout le campus. Passez de votre propre initiative et dès maintenant à une option à distance. Quelques conseils pour passer à l’enseignement en ligne sans difficultés.
Système de santé
Le système de santé américain n’est pas suffisamment préparé. Personne ne l’est
Aux États-Unis, notre capacité de soins de santé est inférieure à un million de lits avec personnel, ce qui n’est pas suffisant pour faire face au nombre d’hospitalisations projetées (4-8 millions). L’Université Johns Hopkins a réalisé une enquête mondiale sur la préparation à la pandémie pendant trois ans. Bien que les États-Unis se soient classés en tête de liste, même leux n’ont obtenu qu’une note de 42 sur 100 (https://jhu.pure.elsevier.com/en/publications/pandemic-influenza-and-major-disease-outbreak-preparedness-in-us–7). Il n’y a tout simplement ni équipement, ni formation ny système de diffusion d’information en place en place et il faut accélérer les préparations. Personne ne le fait. C’est pourquoi vos choix d’aujourd’hui sont si importants.
Et ceux d’entre nous qui ont des collègues dans le nord de l’Italie, région la plus durement touchée, savent qu’ils ont de très bons médecins exceptionnels, des spécialistes des maladies infectieuses et immunologistes. Et aussi un système de couverture santé universel. Il ne s’agit pas d’une histoire en provenance d’un pays en voie de développement, qui n’aurait rien à voir avec la situation américaine
Politiques
Par rapport à d’autres pays, les politiques américaines en matière de travail et de santé créent un terrain idéal pour une pandémie :
- Il n’y a pas de système universel et obligatoire d’arrêt maladié indemnisé
- Même parmi les personnes qui *bénéficient* d’arrêt maladie indemnisé, la durée maximale d’indemnisation est de l’ordre de quelques jours, et non de quelques semaines, ce qui n’est pas suffisant pour faire face à une maladie prolongée. -Il n’y a aucun congé payé garanti pour s’occuper de membres de famille malades
- Zéro soutien financier ou aide pratique garantis pour les personnes qui devraient s’auto-isoler en quarantaine. Les gens finissent donc par ne pas respecter la quarantaine parce qu’ils ont besoin de manger
- De nombreuses personnes ne sont pas assurées. Compte tenu de la situation actuelle (transmission invisible, absence de vaccin), les compagnies d’assurance ont une obligation morale mais aucune incitation financière à améliorer le dépistage et garantir l’accès aux soins.
- Aux États-Unis, l’assurance d’une personne est liée à son emploi, ainsi, lorsque une personne tombe malade, elle risque également vulnérable à la faillite. En cas de pandémie, cette situation peut être un désastre pour l’économie.
Le fait que ces protections sociales n’ont jamais existé aux États-Unis auparavant complique l’adoption de comportements nécessaires pour #aplatirlacourbe par rapport à la plupart d’autres pays touchés. Toutefois, les textes adoptés vendredi par la Chambre des représentants des États-Unis visent à résoudre certains de ces problèmes critiques. En effet, le projet de loi prévoit des allocations de chômage plus élevées, des tests de dépistage gratuits et des fonds supplémentaires pour l’aide alimentaire et Medicaid. Des reportages sur le projet de loi ont été publiés par le New York Times, CNN et d’autres médias. Vous pouvez lire le texte du projet de loi ici.
Suivi et communication au niveau mondial
Les médecins du monde entier se retrouvent en première ligne de cette crise, en raison du manque d’équipements de protection ils finissent par être infectés eux-mêmes et ils ne peuvent pas recevoir les soins dont ils ont besoin. Vous trouverez un témoignage ici, mais ce n’est pas un cas isolé, de plus en plus d’histoires similaires circulent.
Au niveau mondial, l’autoritarisme peut avoir un effet négatif sur le contrôle de la pandémie car il peut limiter l’expertise et la transparence, qui sont indispensables pour prendre les bonnes décisions, utiliser les ressources de manière optimale et communiquer sur la situation à ses propres citoyens et aux pays étrangers. On en a vu des exemples en Chine (au tout début de l’épidémie), ainsi qu’en Iran, en Turquie et en Russie, qui, jusqu’à tout récemment, rapportaient une absence totale de cas, un scénario statistiquement irréaliste. Les pages des ambassades des États-Unis dans certains pays signalent désormais le nombre de cas, par exemple l’ambassade en Russie. Un certain nombre de bonnes visualisations de données et un suivi du nombre de cas dans le monde entier sont aujourd’hui disponibles, par exemple sur le site du Johns Hopkins Coronavirus Resource Center ou les Cartes de cas d’infection au coronavirus du New York Times
Il y a de l’espoir.
Il y a de l’espoir. C’est vous. C’est vos efforts
Vous pouvez aider en respectant autant que possible les consignes que nous donnons ici. Plus les précautions sont prises tôt et plus elles sont nombreuses, plus de vies seront sauvées. C’est aussi simple que cela. Attendez-vous à ce que les personnes qui n’ont pas suffisament réagi hier surréagissent aujourd’hui. répondu à l’appel hier soient les personnes qui répondent à l’appel aujourd’hui. Résistez autant à l’envie de vous agiter qu’à celle de perdre espoir. Le plus important est de rester calme et de faire le travail constant pour contrôler de l’infection et inciter les autres à faire de même.
Ceci est un message reçu d’un ami proche à Pékin “Evitez au maximum la peur et de l’hystérie qui pourraient s’emparer de vos villes. Utilisez la sagesse, mais ne la laissez pas devenir une excuse vide de sens pour ne pas aimer votre prochain. Optez pour la générosité plutôt que pour l’accumulation. Et pour vous aider à passer ces jours vraiment difficiles (ou peut-être après avoir regardé trop de reportages), mettez la musique plus fort et dansez ! Appréciez les bonne choses de la vie qui sont toujours là, et partagez avec les autres ! “
Voilà ce qu’il faut faire.